Ado-Missiles

couverture ado-missiles Petit Format : 8,00 €
Ado-Missiles

Pierre Launay

Genre : Comédie.
Thème : Poésie et langage « Caïra ».
Effectif : 4 grands ados (trois filles et un garçon) et 1 femme adulte.
Public : Déconseillé aux moins de douze ans.
Destination : Scène professionnelle.
Durée : 1h30

S’exprimer, parler… ça n’a l’air de rien, mais ça ne va pas de soi. Il ne suffit pas d’avoir des choses à dire pour pouvoir les dire. Encore faut-il avoir les mots…
Les adolescents, pour se reconnaître entre eux, utilisent des codes de langage très fermés, très « identitaires » comme on dit. On dit d’ailleurs beaucoup de choses là-dessus, que ce serait « créatif », porteur d’une certaine culture etc. La vérité, c’est que ces langages minimalistes sont parfois de véritables prisons et qu’on n’y trouve pas de mots pour dire les sentiments profonds, pour parler de soi. Et manquer de mots au moment où on a justement tant de choses à exprimer, c’est terrible.
Depuis les portes de la mort, depuis l’extrême faiblesse où il se trouve, au seuil de son silence définitif, monsieur Friedman peut faire cette dernière chose : leur donner des mots, leur offrir des structures légères et fragiles pour y déposer le tumulte bouillonnant de leur marche vers le monde des adultes.

Pierre Launay

Extrait

La scène est à la terrasse de l'acte I. Clarisse, Myriam et Kevin, sont autour d'une table avec des consommations. Clarisse écrit sur son téléphone portable pendant que Kevin et Myriam se roulent des pelles.

Clarisse.

(S’énervant après ce qu’elle fait) – Putain fait chier !

Kevin, interrompant son très long baiser.

 – Quoi ? Qu'esse j'ai fait encore ?

Clarisse.

(Très énervée.) – Mais rien ! Laisse béton ! K'esse tu m'embrouilles ? J'te cause pas ! Tu m'prends la tête !

Myriam.

(Attendant la suite du baiser marathon.) – Laisse béton Kevin, elle est barge !

Clarisse.

 – Ouais c'est ça ! Lâchez-moi, les bouffons ! Occupez-vous d'vot'salade de museau !

Kevin et Myriam.

(Retournant à leur baiser.) – Hmmmm...

Kevin lève le pouce en signe de contentement.

Clarisse.

(À part ou à son téléphone.) – Putain... bonjour l'élégance et la délicatesse !

Sans s'interrompre, Kevin lui fait signe qu'il n'en a rien à faire.
Entre Alyssa

Alyssa.

(En embrassant Clarisse.) – Salut la Muse !

Clarisse.

(En embrassant Alyssa.) – Oah.. arrête !

Alyssa.

 – Mais quand même, c'est dingue ce truc !

Clarisse.

 – Maintenant ça me fait plus rien...

Alyssa.

 – T'en a appris d'autre ?

Clarisse.

 – Oui, la nuit dernière un truc beau que je comprends pas...

Alyssa.

 – Mais comment ça fait ?

Clarisse.

 – Je sais pas...

Alyssa.

 – Comment ça tu sais pas !? Tu sais bien comment ça se passe, à quel moment ?

Clarisse.

 – Ben, c'est quand je rêve...

Alyssa.

 – Et il se passe quoi ?

Clarisse.

 – Et bien... je rêve... alors je suis dans le rêve, tu vois ? Et je suis quelqu'un d'autre, quelqu'un que je connais pas, que j'en ai même jamais entendu parler,

Alyssa.

 – Une femme ?

Clarisse.

 – Je sais pas... des fois oui, d'autres fois je suis un homme, un vieux, un jeune, des fois, les deux à la fois... hier c'était comme ça. J'étais deux hommes et c'était la voix du jeune.

Alyssa.

 – ça disait comment ?

Clarisse.

Pendant qu'elle déclame, Kévin et Myriam cessent de s'embrasser et s'approchent pour écouter. Clarisse déclame très simplement. Elle n'a plus trace d'accent, plus de vulgarité dans la voix, et même une sorte d'emphase. Même sa voix est un peu changée, comme si c'était celle de quelqu'un d’autre. 

– Qu'il vienne, qu'il vienne,

Le temps dont on s'éprenne.
J'ai tant de fois fait patience

Qu'à jamais j'oublie.

Craintes et souffrances

Aux cieux sont parties.

Et la soif malsaine

Obscurcit mes veines.
Qu'il vienne, qu'il vienne,

Le temps dont on s'éprenne.
Telle la prairie

À l'oubli livrée,

Grandie et fleurie

D'encens et d'ivraies,

Au bourdon farouche

Des sales mouches.
Qu'il vienne, qu'il vienne,

Le temps dont on s'éprenne.

Alyssa.

 – Putain c'est beau ! J'y comprends rien ! Qu'est-ce que ça veut dire ?

Clarisse.

 – Je sais pas ! J'y comprends rien non plus !

Kevin.

 – Ça parle des mouches !

Myriam.

 – Arrête Kévin ! La Poésie ça parle pas des mouches ! 

Kevin.

 – Et qu'esse-tu sais toi ? Si t'es poète et tu veux parler des mouches tu parles des mouches et c'est walouh et tu nous prends pas la tête !

Alyssa.

 – Y avait un bourdon aussi !

Kevin.

(À Myriam, triomphant.) – Ah !

Myriam.

 – D'accord ! Des mouches, des bourdons, et puis quoi encore ? Des abeilles ? Des poux ? Des morpions ? C'est quoi pour un poème ? Le mode d'emploi d'un insecticide ?

Pour en savoir un peu plus sur la pièce sur scène

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