Auteurs :	Florence Delorme & Pierre Launay
Genre :	Comédie.
Thème :	La peur, les peurs.
Effectif :	2 comédiens, sexe indifférent.
Public :	Tout public.
Destination :	Spectacle professionnel à destination du jeune public.
Durée :	0h50

Lapatrouille n'a peur de rien et Wilbur a peur de tout, mais à leur répertoire de peurs et de non-peurs ils ont ajouté celles de la maladie et de l'exclusion.
Cette nouvelle version est jouable par un atelier de théâtre.
On peut trouver la pièce sur le site du Proscenium

La peur

C'est un élément très fort de notre vie. Sous toutes les formes depuis la crainte diffuse à la panique en passant par l’appréhension, le doute ou la timidité, tout le monde l’éprouve, plus ou moins fort et plus ou moins souvent. Pourtant, elle est rarement l’élément central d’une narration. Les genres « gore », « cauchemar », « horreur » l’utilisent, mais comme émotion, pas comme sujet : elle est seulement un moyen de faire frissonner le spectateur ou le lecteur.

Les frères Grimm,

qui étaient curieux de tout, ont écrit L’homme qui partit en quête de la peur où un personnage bien curieux dit souffrir de n’avoir jamais peur et la recherche comme s’il lui manquait quelque chose pour être « normal ». Mais c’est très raisonnable au fond, parce que la peur n’est pas que mauvaise conseillère.
Il nous a semblé utile de le dire aux enfants.

Les enfants

La peur tient beaucoup de place dans leur vie, parfois beaucoup trop, et ils ne savent pas forcément qu’elle en prend aussi dans la vie des autres.
Même Pas Peur a été joué une centaine de fois, devant des enfants accompagnés de leurs parents, de leurs instituteurs, de leurs animateurs, dans des théâtres, des écoles, des MJC, des salles communales…
Vous pouvez entendre ici la musique d'ouverture du spectacle.

Une des particularités de ces représentations, c’est que deux comédiens seulement jouaient tous les personnages et qu’au moment du salut, les enfants cherchaient où étaient « les autres ».
Beaucoup d’enfants venaient ensuite expliquer leur propre rapport à la peur, rapport toujours intime et hautement respectable, mais dont ils étaient content de pouvoir le partager sans qu’on se moque d’eux.
Même si aucun n’a eu la simplicité de venir le dire, peut-être certains adultes ont-ils éprouvé intérieurement le même soulagement.
Peut-être même que certains ont alors fait le choix de ne plus jouer à faire peur ni à se faire peur.

Extrait

Wilbur de Brique-Broque. 

– Non, mais arrête, t’es pas drôle. Tu ne vas tout de même pas me faire croire que t'as pas peur de… je sais pas moi… d'aller à la cave chercher une bouteille pleine de poussière, pleine d'araignées…

Lapatrouille. 

– … pleines de poussière ! En train de manger des mouches pleines de poussières et qui pondent des œufs pleins de poussière sur les vieux camemberts pleins de poussière et qui sentent la godasse pleine de crasse…? Et bien non… pas du tout. Parce que j'ai pas peur des mouches !

Wilbur de Brique-Broque. 

– Ah ? Et des araignées ?

Lapatrouille. 

– …non plus.

Wilbur de Brique-Broque.

 – … des asticots…

Lapatrouille. 

– …non plus

Wilbur de Brique-Broque. 

– Des souris ?

Lapatrouille. 

– Non plus

Wilbur de Brique-Broque. 

– Des rats ?

Lapatrouille. 

– Non plus

Wilbur de Brique-Broque. 

– Des mulots ?

Lapatrouille. 

– Non

Wilbur de Brique-Broque. 

– Des surmulots ?

Lapatrouille. 

– Non

Wilbur de Brique-Broque. 

– Des hypermulots ?

Lapatrouille. 

– Non

Wilbur de Brique-Broque. 

– Des mégamulots

Lapatrouille. 

– Ça n'existe pas.

Wilbur de Brique-Broque. 

– Ben raison de plus ! Ça fout super les j'tons quand ça n'existe pas !

Lapatrouille. 

– Ah ?

Wilbur de Brique-Broque. 

– Ah tu m'énerves à la fin ! J'y crois pas ! Ça n'existe pas les gens qui n'ont pas peur ! T'entends ? T'existes pas !

Lapatrouille. 

– Euh… je crois que si !

Wilbur de Brique-Broque. 

– Mais enfin, si tu devais traverser la forêt la nuit, t'aurais pas un petit peu peur… allez... s'il te plaît …?

Lapatrouille, monté sur le plot.

– La forêt, j'y vais souvent la nuit. Je me cache dans un buisson ou dans le tronc d'un arbre mort et quand j'entends quelqu'un qui s’approche, je fais « Par les cornes du diable je vais t'attraper ! » Alors il se met à courir en poussant des cris ! C'est génial ! J'en ai fait courir plein comme ça ! La maîtresse de l'école, le curé, le garde champêtre, le maire qui avait bu un coup de trop… on m'a fait comprendre qu'il valait mieux que j'aille par le vaste monde apprendre la peur et les bonnes manières.

Wilbur de Brique-Broque. 

– Ben mon vieux ! Alors qu’est-ce que tu vas faire maintenant ?

Lapatrouille. 

– Ben … puisque je suis là, je pourrais apprendre la peur … ça à l'air beaucoup plus facile que les bonnes manières.

Wilbur de Brique-Broque. 

– Alors là tu ne pouvais pas mieux tomber ! Je suis le roi de la pétoche !

Pierre Launay