PNL - Tous victimes

Auteur : Pierre Launay
Genre : Comédie.
Thème : Manipulation, relation faussée, amitié.
Effectif : 3 hommes, 3 femmes.
Public : Tout public
Destination : Scène pro et amateur
Durée : 1h30

Trois couples sont simplement et sincèrement amis, mais l'un des trois hommes découvre comment on peut, grâce à la PNL, manipuler autrui au lieu de s'en faire comprendre. Une histoire de vraie vie et de fausses relations.

Extrait

Jean-Christian.

– Et bien, Clara n’arrivait pas à convaincre son chef de la changer d’affectation. Elle était tout à fait désespérée...

Clara.

– Oui, enfin, il ne faut pas exagérer ! J’en étais pas au point de…

Jean-Christian.

– Alors je lui ai donné quelques conseils.

Clara.

– Vous êtes un magicien ! J’ai fait exactement ce que vous m’avez conseillé, j’ai bougé comme lui, j’ai adopté une attitude d’écoute ouverte et positive, je lui renvoyais une image valorisante de lui-même...

Caroline.

– Vous avez couché avec lui ?

Clara,riant.

– Même pas besoin ! Juste, je le regardais comme si je le voyais pour la première fois, la bouche entr’ouverte et l’œil humide, je trouvais génial tout ce qu’il disait, je faisais les mêmes mouvements que lui, je respirais en même temps que lui et ça a suffi.

Caroline.

– Ah... Dommage ! Il est moche ?

Clara.

– Non, non, il est plutôt beau gosse...

Caroline.

– Ben alors ?

Jean-Christian.

– Mais enfin Caroline... Il ne s’agit pas de coucherie ! C’est fini ce temps-là ! Maintenant, quand on veut quelque chose, il y a la PNL !

Caroline.

– Et ça remplace l’amour ?

Jean-Christian.

– Ça remplace le harcèlement sexuel, oui...

Caroline, à Amalia.

– Et il te le fait à toi ?

Amalia, rit un peu bêtement.

– Ah mais non, mais pas du tout, tu penses !…

Caroline.

– Mais alors, il te fait quoi ?

Amalia, énervée.

– Autre chose, voilà !

Caroline, moqueuse.

– Ben dis-donc, ça te fait de l’effet !

Laurent.

– Et comment ça marche votre truc qui empêche ma femme de coucher avec son patron ?

Jean-Christian.

– Heu...

Laurent.

– Non, j’rigole...

Amalia.

– Mais vous avez tort ! C’est très sérieux ! C’est très bien la PNL et Jean-Christian y remporte de grands succès !

Caroline, à part.

– Gnagnagna...

Clara.

– Ça ne m’étonne pas du tout (À Jean-Christian, flatteuse.) Vous êtes réellement très fort ! Après dix minutes d’entretien, il me mangeait littéralement dans la main.

Jean-Christian.

– C’est l’enfance de l’art vous savez...

Caroline, à part.

– L’enfance de l’art… C’est de la manipulation, oui...

Paul.

– Mais c’est quand même extraordinaire ce truc ! (À Clara.) Et vous disiez qu’il était fermement opposé à cette décision quelques jours auparavant ?

Clara.

– Oui, tout à fait ! Il ne voulait pas en entendre parler. Et puis là, j’ai fait ce que m’avait dit Jean-Christian et je l’ai retourné... Pfffuit ! Comme un gant !

Paul, à Jean-Christian.

– Allez, Jean-Christian, il faut nous en dire plus là. Si c’est un système qui subjugue les interlocuteurs, moi je veux apprendre à m’en servir !

Jean-Christian, avec un coup d’oeil à Caroline.

– J’expliquerais bien volontiers, mais je ne suis pas certain que ça plaise à tout le monde...

Caroline.

– Ben bien sûr que ça ne me plait pas ! C’est des procédés malhonnêtes…

Amalia.

– Mais pourquoi ce serait malhonnête ? Personne ne s’en plaint ! C’est juste un moyen d’aider les gens à prendre une décision…

Caroline.

– … une décision qu’il ne voulaient pas prendre ! C’est du viol ! Moi, quand je dis « non », c’est non. Et si on réussit à me persuader que ça voulait dire « oui », et bien on a trahi ma parole. Après, il y a peut-être des gens qui sont contents de se faire violer…

Clara.

– Tu exagères Caroline. Je ne l’ai pas violé mon patron ! Je l’ai amené à prendre une décision, c’est très différent !

Caroline.

– Tu l’as fait céder sans avancer aucun argument, simplement parce que tu as fait en sorte qu’il te trouve sympathique… c’est assez classique comme manière de faire et nous, les femmes, nous connaissons ça depuis longtemps. Maintenant, qu’on en fasse un système, quelque part ça me dégoute un peu.

Paul.

– En fait, ce qui t’embête, c’est que n’importe qui puisse apprendre à faire un truc que tu croyais être la seule à pouvoir utiliser…

Caroline.

– Peut-être, oui. Ça me fait le même effet que quand on met des flingues dans les mains des policiers municipaux et qu’on ne leur apprend pas à s’en servir : ils se mettent à oublier que leur boulot n’est pas de menacer les gens mais au contraire de leur venir en aide et d’améliorer la vie en société. Avec un flingue dans les mains, ils n’ont plus besoin d’être aimables, il leur suffit d’être menaçants.

Clara.

– Franchement Caroline, je vois pas le rapport !

Pierre Launay


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