Le Grenier

couverture Le Grenier Petit Format : 8,00 €
Le Grenier

Rebecca Matosin

Genre : Comédie.
Thème : La séparation.
Effectif : 1 homme et 1 femme.
Public : Déconseillé aux moins de douze ans.
Destination : Scène professionnelle.
Durée : 1h30

De toutes les pièces de la maison, le grenier est, avec la cuisine, celle que je préfère.
Dans la maison de vacances de mon enfance, il avait été transformé en dortoir. C’était le lieu magique qui nous séparait du monde des adultes, notre territoire de gamins d’où nous avions une vue imprenable sur la mer.
Le grenier est une caverne d’Ali Baba, où ce dont on ne se sert forme un trésor de nostalgie. Il en va de même avec les anciennes histoires d’amour. Chacun porte en soi les plus jolies, sans jamais s’en défaire vraiment, même quand elles sont terminées. Comme tout le monde, Adèle et Thomas tentent de ranger la leur parmi les beaux souvenirs. À quel moment sait-on qu’une histoire est vraiment finie, qu’il n’y a plus rien à faire ?
Est-ce qu’une histoire qu’on porte encore dans un coin de sa mémoire est vraiment terminée ?
Chaque couple a le potentiel de fonctionner, comme celui de foncer dans le mur et l’incapacité à communiquer est très souvent la cause de l’échec. Malheureusement, les mots justes arrivent souvent après la séparation, quand se sont apaisées la rancœur, la colère et la tristesse ; il est rare que deux personnes séparées reparlent sereinement de leur histoire. Le Grenier visite ces questions : comment se débrouille-t-on avec le sentiment d’inachevé que certaines relations laissent sur le cœur ? Que se passerait-il si deux anciens amants prenaient réellement le temps de se dire tout ce qu’ils n’ont pas pu, pas su se dire ?
Monter dans le grenier d’Adèle et Thomas, c’est se pencher sur ses souvenirs, les beaux comme les moins jolis, c’est se laisser aller à une douce nostalgie, c’est contempler avec tendresse et mélancolie, les photos jaunies qui dormaient dans la vieille malle.

Le "pitch" : Adèle et Thomas sont deux trentenaires, elle juste avant, lui un peu après, qui ont vécu une belle histoire d'amour et ont fini par se séparer, dans l'incompréhension et les malentendus.
Après dix-huit mois sans nouvelles l'un de l'autre, ils vont se retrouver enfermés par un concours de circonstances dans le grenier, aménagé en chambre d'amis, d'une maison dans laquelle ils étaient invités à passer la soirée.
Cette nuit d'enfermement va leur permettre de revenir sur leur histoire, avec le recul que l'on peut avoir une fois que les choses se sont tassées. Ils pourront ainsi apporter à leur histoire une conclusion que peu de personnes ont l'occasion de développer. A moins que…
Une comédie à deux personnages, qui parle des raisons qu'on a de se séparer et dont on oublie souvent de parler.

Extrait

Thomas.

– Elle était castratrice. Non, même pas : pour une autre collègue. Ça faisait un bout de temps qu'ils travaillaient ensemble, en plus, et tout d'un coup il s'est rendu compte que c'était la femme de sa vie. En tout cas c'est ce qu'il a dit à la sienne.

Adèle.

– Elle n'était pas castratrice, elle savait ce qu'elle voulait, ça n'a rien à voir. 

Thomas.

– Il ne pouvait même pas sortir voir ses potes ! 

Adèle.

– Ses potes, c'était une bande de gros soiffards vulgaires… J'ai du mal à croire que tu puisses être avec quelqu'un pendant si longtemps, et tout d'un coup ne plus en être amoureux.

Thomas.

– Ben si : tu es avec quelqu'un, tu es bien, tu construis des choses, tu fais des enfants, et puis la routine s'installe… il n'y a plus grand chose à partager, mais il n'y a pas non plus de vraie raison de se séparer… C'est comme ton pote : il s'est retrouvé dans une espèce de prison, et dès qu'un élément extérieur est venu troubler ce petit confort, ça a éclaté.

Adèle.

– Une prison…c'est vraiment une vision de mec, ça ! Peut-être que les gens baissent trop facilement les bras…

Thomas.

– Je dis juste que je comprends qu'il ait craqué, c'est tout… Et tu sais, je crois qu'une séparation, ça n'est agréable pour personne, alors je ne suis pas sûr que ce soit vraiment la solution de facilité. Encore moins quand il y a des enfants dans l'histoire.

Adèle.

– Je trouve qu'il y a quelque chose de lâche, là-dedans… Et que ça n'encourage pas tellement à s'engager…

Thomas.

– Pourtant, on continue à s'engager, je pense, et ça n'a rien de lâche… Regarde, moi, avec Sophie, je suis bien pour l'instant ; si ça continue comme ça, on va sans doute avoir envie de fonder une famille, on aura envie de continuer à s'engager, mais c'est pas pour autant que je suis sûr de finir ma vie avec elle… Si ça se trouve, dans dix ans, on sera toujours ensemble, si ça se trouve, non.

Adèle.

– Je n'arrive pas à être aussi… « rationnelle »… J'ai envie de croire que tu peux être avec quelqu'un jusqu'à la fin de tes jours…

Thomas.

– Je n'ai pas dit que c'était impossible ! Je dis juste que la porte de sortie est mieux indiquée…

Adèle.

– Ça, ce n'est même pas vrai… Quand tu vois le nombre de gens qui restent ensemble alors qu'ils ne s'aiment plus…

Thomas.

(Moqueur)– Effectivement, tu n'es pas rationnelle… Tu ne viens pas juste de me dire que les gens abandonnaient un peu trop facilement ?

Adèle.

(Mauvaise foi personnifiée)– J'essaye d'être objective. Et je n'affirme rien, je pose des questions, c'est pas du tout pareil !

Thomas.

– Objective, c'est ça, on dirait que tu parles de toi… En tout cas, ça rejoint ce que je te disais tout à l'heure : il faut souvent qu'un élément extérieur déclenche la rupture…

Adèle.

(Piquée au vif)– Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas le courage de regarder les choses en face, et de se dire que c'est fini ?

Thomas.

– Il y a un peu de ça, oui, j'imagine… Et puis aussi le simple fait que tu puisses avoir l'impression que ça va, mais tu ne peux pas savoir tant que tu n'as pas vu autre chose…

Adèle

– C'est horrible comme tu es pragmatique… Ce côté « le couple ce n'est jamais qu'un pari »…

Thomas.

– Sauf que c'est exactement ça! Pour reprendre l'exemple de mon collègue : il était très bien avec sa femme, il n'avait aucune raison de la quitter, et tout d'un coup, il découvre qu'il a des sentiments incroyables pour une autre… Qu'est-ce qu'il aurait dû faire, d'après toi ?

Adèle.

– Mettre ça de côté, peut-être ?

Thomas.

– Et se sentir frustré toute sa vie d'être peut-être passé à côté de quelque chose d'extraordinaire ?

Adèle.

– Définitivement, ça ne leur réussit pas, aux hommes, quand ils sont romantiques…

Thomas.

(Sur le ton de l'humour)– Et c'est bien pour ça que moi, je ne le suis pas.

Adèle.

(Agacée par le tour qu'a pris la conversation)– Oui, peut-être, mais en même temps, j'ai l'impression que tu es avec ta copine par défaut, ce n'est pas beaucoup mieux…

Thomas.

(Refroidi) – Ah non, là, je ne suis pas d'accord. C'est injuste de dire ça. 

Adèle.

(Provocatrice.)– Ouh la, j'ai touché un point sensible, là…

Thomas.

– Ce n'est pas parce que je ne sais pas parler de sentiments avec des trémolos dans la voix que je suis un salaud froid et insensible.

Adèle.

– C'est bon, ça va, calme-toi !

Thomas.

– Non mais c'est tout toi, ça ! Tu balances des grosses vacheries, et après tu voudrais qu'on oublie ! Je suis vraiment bien, avec Sophie, je ne te permets pas de juger ma relation avec elle.

Adèle.

– Mais je ne juge pas, c'est juste que tu n'as pas l'air d'être plus enthousiaste que ça quand tu en parles…

Thomas.

– Et tu es qui, toi, pour me dire ça ? Est-ce que tu as vécu autre chose que des minables petits plans cul ces derniers temps ?

Adèle.

– Pardon ?

Thomas.

– Bah ouais, faut assumer ce qu'on dit, cocotte…

Silence hyper tendu. Adèle est très en colère.

Thomas.

– Je crois que je n'aurais pas dû…

Adèle.

(Elle explose)– Mais qu'est-ce qui te permet de me parler comme ça ? Qu'est-ce qui te permet de prendre ce ton moralisateur ? Oui, j'ai eu des plans cul, mais il n'y avait rien de minable là-dedans ! Je ne vois pas ce qu'il y a de minable à vouloir juste prendre son pied! J'avais besoin de ça, j'avais envie de ça, et je ne te permets pas de juger ces types ni de me juger moi ! Oh et puis je n'ai même pas à me justifier devant toi. J'avance, moi, au moins, je tente des trucs. Mais si tu veux vraiment le savoir, oui, j'aimerais bien qu'il se pointe, ce connard de prince charmant… En attendant, je ne vois pas quel mal il y a à rencontrer des mecs qui se foutent pas mal de savoir à quel point je suis une bonne personne, et qui sont juste ravis de constater que je suis un bon coup! (Elle s'arrête, et se calme doucement.) Ce n'est pas comme si je n'avais pas essayé…

Thomas.

– Moi, j'ai adopté un chat… Il s'appelle Chouquette.

Rebecca Matosin

Porta
Piccola
sur scène

avec la
Compagnie Acte Un

Porta Piccola
en format numérique

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