Qui a tué Jules ?

couverture Qui a tué Jules ? Petit Format : 6,00 €
Qui a tué Jules ?

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Florence Delorme

Genre : Comédie policière.
Thème : Cohabitation, enquête, mystère...
Effectif : 8 adolescent(e)s.
Public : Tout public.
Destination : Atelier de théâtre d’adolescents (14 - 18 ans).
Durée : 0h45

Dans les ateliers de théâtre, il y a surtout des filles… plein de filles.
Cette année-là, il n’y avait pas un seul garçon et elles en avaient marre de jouer des rôles de travesti. Il fallait trouver une circonstance qui justifie la réunion de filles et seulement de filles. La cohabitation dans un logement d’étudiante se prêtait assez bien à l’exercice.
Imaginer une enquête qui stimule l’imagination sans rentrer dans l’horrible et le sanguinolent était une autre difficulté.
J’ai utilisé le même ressort que dans Huit Femmes (Robert Thomas, 1958.) que le film de François Ozon avait remis au goût du jour en 2002.

Florence Delorme

Extrait

Les filles portent sac, valises, cartons, et installent une partie du décor (coussins, accessoires) ambiance décontractée, rires. Après quelques minutes : arrêt sur image. Gwenaëlle s'avance vers le public.

Gwen.

 – C'était il y a 6 mois. On venait de louer un appartement, on ne se connaissait pas très bien, mais on trouvait que c'était marrant. Je m'appelle Gwenaëlle, mais tout le monde m’appelle Gwen, je suis étudiante en architecture, là, c'est… (Montrant une des filles.) Non… je ne vais pas vous présenter tout le monde, ça vous ennuierait et moi aussi. Pourquoi je vous raconte tout ça   ? Vous savez, les huit filles dont on a parlé, c'est nous !  Vous ne lisez pas les journaux  ? Vous n’ écoutez pas la radio  ? Vous ne regardez même pas la télé  ? Dingue  ! Alors, je vous raconte. Tout a très bien commencé, on était heureuses d’être là…

Alexandra, Luna, Jessica et Maude sortent. Les autres s'installent sur le canapé.

Victoire.

 – Qu'est-ce je suis contente de ne plus être seule ! Vraiment, cet appart', c'est une chouette idée. Je pensais que j'aurais besoin de calme, d'être tranquille, mais au milieu de vous, je travaille beaucoup mieux. Si je deviens le médecin le plus célèbre du vingt-et-unième siècle, ce sera sûrement grâce à vous les filles… Merci, Gwen de m’ avoir proposé de vivre ici.

Gwen.

 – Je t'en prie, moi aussi je suis ravie ! Au début, j'étais un peu inquiète, mais je suis impressionnée par le respect de tout le monde, la gentillesse, l’écoute… c'est carrément hallucinant !

Pénélope.

 – Oui… Mais c'est normal, on ne peut pas vivre à huit ensemble sans un minimum de respect les unes des autres. C'est vrai que c'est formidable. Chaque fois que j'ai besoin de calme pour écrire, tout le monde fait attention et il n'y a plus un bruit, vraiment j'apprécie.

Maëlys.

 – On est fières d'avoir un écrivain parmi nous ! Quand tu seras célèbre, on pourra dire partout « On était là à ses débuts, on marchait sur la pointe des pieds, on chuchotait. C'est grâce à nous si son premier livre est si bien. »

Victoire.

 – Oh les filles ! Vous savez quoi  ? On devrait fêter ces deux mois de vie commune au Sushi d'à côté.

Gwen.

 – Excellente idée ! Je vais prévenir les autres.

Arrêt sur image. Alexandra vient au milieu de scène.

Alexandra.

 – Je suis d'accord avec vous, c'était génial… non, vraiment ! Mais voilà, je ne sais pas exactement quand tout a dérapé. Pour moi, c'est lié à l'arrivé de Jules, le voisin du dessus. Enfin, petit à petit, l'ambiance a changé.

Gwen, Pénélope, Maëlys, Victoire sortent, Jessica, Maude, Alexandra, prennent leur place. Luna entre, furieuse.

Luna.

 – Non ! Non ! Non ! Ça va pas pouvoir continuer comme ça pendant des mois. Je n'en peux plus !

Jess.

 – Ben, qu'est-ce qui t'arrive encore  ? Pourquoi tu te mets dans cet état  ? Je t'ai déjà dit plein de fois : c'est pas bon pour le teint de s'énerver.

Luna.

 – Ah non, pitié ! Tu me lâches avec tes conseils débiles !

Jess.

 – Ouh ! Ben dis donc ! T'es drôlement désagréable ! Moi ce que je dis, c'est pour toi...

Luna.

 – OK merci ! Mais arrête.

Alexandra.

 – Qu'est-ce qui se passe  ? Non dis rien, Je vais deviner... notre apprenti-médecin a encore laissé traîner une main dans le congel  ?… Non   ?... ne dis rien… Maëlys a laissé toutes ses affaires sales dans la salle de bain… Non   ?… Pénélope a encore oublié d'arrêter l'eau de son bain et tout est inondé pour la quinzième fois   ?

Luna.

 – Non ! Mais elle a pris un bain et y'a plus d'eau chaude. J'en ai ras le bol ! On ne peut pas prendre des bains ! C'est pas possible à huit. On l'a dit et répété au moins vingt fois. Tu crois qu'un jour ça va rentrer dans sa tête d'écrivaillon minable  ?

Maude.

 – Bof… ça m'étonnerait, elle est complètement barrée cette fille. Quand elle est plongée dans un livre, le monde autour d'elle n'existe absolument pas. (Au public.) Vous ne me croyez pas  ? je le prouve…  (Pénélope, plongée dans un livre, va s’asseoir sur les genoux de Jess, le temps de boire le verre d'eau qui est sur la table, et elle ressort.) Elle est capable de faire ça dix fois par jour. J'ai même retrouvé un de ses livres dans le four ! Remarquez, dans le genre pénible, Maëlys est pas mal non plus, elle sème un souk incroyable et elle a une explication formidable :

Entre Maëlys, elle s’adresse au public.

Maëlys.

 – C'est simple, je ne peux pas vivre dans un appart’ bien rangé. C'est comme si tu vivais dans un lieu mort, sans âme, sans histoire. Comme si les objets n'existaient pas, les gens, aucune personnalité. Alors j'amène de la vie, du concret. Je donne une histoire. Que tel objet traîne là ou là, ça ne raconte pas la même chose, c'est un petit morceau de vie, c'est merveilleux et magique. Vous râlez, mais grâce à moi, ce lieu est chargé de vie et d'histoire. Et ça, c'est génial   !

Elle sort

Jess.

 – Oui c'est vrai, mais, c'est pas gentil-gentil de critiquer les autres quand elles sont pas là. Alors moi, celle qui m'énerve le plus c'est Vic. C'est simple quand elle parle je ne comprends rien. Rien ! Je vous jure, je me demande même si les mots qu'elle utilise existent vraiment ou si elle le fait exprès pour me faire passer pour une idiote… (Au public.) Un exemple  ? Ah mais, pas de soucis !

Vic entre un magazine à la main.

Victoire.

 – Ah là là, passionnant ce type, j'adore !

Jess.

 – Qui ça  ?

Victoire. 

– Hein  ?

Jess.

 – C'est qui qu'est passionnant  ? Raconte, j'adore les potins !

Victoire.

 – Les potins  ?… Ah oui, mais non ! C'est pas ça ! Je suis en train de lire un article sur la symptomatologie, l'épidémiologie, la co-morbidité et l'évolution du mérycisme chez l'enfant. Tu veux que je te le lise  ?

Jess, bouche ouverte, arrêt sur image et elle s’adresse au public pour la phrase suivante.

Jess.

 – J'ai pas compris un seul mot... si, « enfant » ! (À Vic.)  Oh non, c'est gentil mais je connais déjà.

Victoire.

 – Ah oui, tu connais des cas  ? Mais ça m'intéresse…

Jess.

 – Oui… alors… pas vraiment personnellement… C’est pas des amis tu vois  ? Oh là là ! T'as vu l'heure  ? Tu vas être en retard !

Victoire.

 – Hein  ?… j'ai pas rendez-vous, ouais bon, c'est pas grave…

Elle sort.

Maude.

 – Ouais, Tous ces mots compliqués pour dire le nombre de cas, ce qui se passe et comment évolue la maladie de la régurgitation chez l'enfant… sont chiants ces toubibs !

Jess.

 – Parce que t'as compris  ? Waouh !… Bon puisqu’on se lâche un peu… Gwen, ça ne vous énerve pas son côté « je dirige tout le monde »  ?

Gwen entre en milieu de scène. Elle s’adresse au public.

Gwen.

 – Non, je ne dirige pas ! Pas du tout. Mais on vit à huit, il faut bien que quelqu'un prenne un peu les choses en main ! Oui, c’est vrai, j'ai imposé le petit déjeuner entre six et neuf heures, mais c'est pas possible de voir quelqu'un prendre son café et son croissant alors qu'on prépare le déjeuner ! Oui… Les repas c’est de douze à treize heures trente et de dix-huit à vingt heures, mais où est le problème  ? C’est une question d'organisation collective. Les douches : plus après vingt-et-une heures et pas avant six heures. La musique : jamais entre vingt-deux et huit heures. Non ! Je ne suis pas du tout d'accord, ça n'est pas militaire ! En colo, c'est comme ça ! Vous n'allez pas me faire croire qu'une colonie ressemble à un camp d’entraînement ! Oui… c'est vrai dans les maisons de retraites aussi… bon... la musique jusqu'à vingt-deux heures trente ça va  ?

Elle sort, Alexandra s’avance et s’adresse au public.

Alexandra.

 – Tout ça pour vous expliquer que c'était un peu tendu. Et un soir… on était toutes là, pour une fois, et tout a basculé !

Porta
Piccola
sur scène

avec la
Compagnie Acte Un

Porta Piccola
en format numérique

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